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Dialoguer pour apprendre, une vraie rencontre vers la connaissance?

5/8/2020

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Une scène familière : J’arrive en classe et là des multiples visages sont regroupés. Plusieurs sont inquiets, d’autres plus dissipés, d’autres sont en attente que quelque chose arrive. Les uns attendent d’être surpris, les autres souhaitent en finir. Ils semblent tous espérer qu’un texto amical les sortent de cette torpeur d’apprendre. Puis un jour, à travers une question, je décide de secouer ces consciences indolentes : Et si on découvrait comment chacun de nous apprend ?  Je leur explique que je souhaiterais mener un dialogue pédagogique afin de les amener vers un travail d’introspection en leur faisant découvrir « le pouvoir » d’apprendre de leurs erreurs.   Je leur souligne que notre attitude à tous devra être celle de l’accueil devant le processus et qu’il n’y aura ni bonnes ni mauvaises réponses. Je les informe que mes questions pourraient mettre en lumière leur personnalité cognitive ! Je leur dis que c’est une quête pour une nouvelle aventure. Oui mais voilà, mon élan du moment m’amène à leur montrer que je les comprends et dans la précipitation, je m’écoute plus que je ne les écoute. Je souhaite les aider plus que les accompagner, leur donner une réponse, un contenu, un savoir comme je l’ai fait si souvent. Je me rends compte de ce qui se passe dans ma tête ! Ce jour-là, je réalise le chemin qu’il me reste à parcourir pour aller vers cet autre « vécu de conscience ».
 
Je venais de réaliser, lors de ces moments d’accompagnement et d’introspection qu’il me fallait réfléchir à ma valeur ajoutée, mon action, celle qui me permettrait de ne pas me perdre dans mon propre « labyrinthe mental ».  Je devais m’adapter à ces multiples esprits durant mon inter-action. Mais quelle était mon action alors ? Et mon intention ? Et mon projet ? Et comment trouver leurs projets de sens ? Comment mettre l’apprenant au centre de l’apprentissage ? Et comment amener le dialogué à sa recherche de sens ? Comment lui permettre d’approfondir ses chemins mentaux pour acquérir une connaissance ?


​Le désir « d’oser » tenter l’aventure lors d’un accompagnement individuel se produit lorsqu’une famille m’en fait la demande. Je décide de me mettre en projet de « guider » Eva, 16 ans vers la connaissance de son geste de compréhension. Comprendre dans son entièreté étant un projet de sens fort pour moi, je me demande si je ne chercherais pas à lui faire comprendre ce que je comprends moi. Par peur de me perdre dans mon rôle de médiatrice de la connaissance, je décide donc de définir mon guidage en mettant ce projet de sens en suspens (à plus tard, après le dialogue) et en choisissant consciemment d’être là, juste là pour l’écouter. Après la première session de découverte, je comprends qu’Eva aime l’art et que solliciter son geste d’imagination et son paramètre 3 sont deux choses bien compliquées pour le moment. 
Je décide donc de lui proposer une tâche avec des images et des mots ayant des liens créatifs (le tableau rébus de Magritte). Alors que j’avance pas à pas vers la présentation de la tâche, je me sens tout à coup déstabilisée par la réponse d’Eva : « je ne sais pas comment relier le mot et l’image ». Après quelques secondes, sa réponse résonne en moi et je lui dis que « tout est à découvrir. » A cet instant, sa réponse fait écho et à vrai dire, « je ne sais pas non plus, elle seule le saura. » Je me souviens à ce moment-là me dire qu’il était important de respecter ce qu’elle était prête à faire ou ne pas faire, tout en la faisant cheminer progressivement vers ses moyens d’apprendre. Ce moment d’échanges en “zigzag”, semé d’incertitudes m’oblige alors à prendre le temps et mettre en lumière son travail évocatif. Il me semble qu’Eva devient actrice de sens lorsque je l’amène à explorer son monde intérieur avec tranquillité, en mettant en lien ses projets de sens. Le lâcher prise de mon côté, l’acceptation des questions sans réponse m’amènent à lui donner « cette puissance », ce pouvoir de détenir la clé de la connaissance.  Le rôle « d’accoucheur », au sens Socratique du terme, me semble bien au cœur de cette rencontre car je souhaite qu’Eva accouche de ses outils de pensée, en cheminant à deux, sans jugement aucun. Avec curiosité, nous allons ensemble à la rencontre de nos procédures de connaissance. 
Alors que nous sondons ses richesses, Eva a une forme d’eurêka : elle se lève et me dit « ah, mais oui, c’est ça, c’est ça ce qu’on me dit depuis toujours. Je comprends ce que je dois faire maintenant. » Je reste silencieuse afin de laisser Eva aller jusqu’au bout de sa pensée… 
Eva se tient devant moi, prête à passer à l’action : « de la puissance à l’acte » l’injonction d’Aristote prend sens. Cette prise de conscience, cette « motilité » la fait avancer.
Une immense joie me submerge, celle de devenir une accompagnatrice des apprentissages, de faire émerger le plaisir d’apprendre. L’émotion de son bonheur arrive jusqu’à moi.
Alors que j’avais pris soin de mettre « un miroir » dans la tête d’Eva, il me semble aussi que je trouve des réponses à mon propre questionnement. Lors de cette rencontre, un miroir s’était aussi logé dans ma conscience puisque soudain, à travers mes questions et ses réponses, je venais de comprendre ce que signifiait réellement dialoguer pour acquérir sa propre connaissance. 
La signification du terme de rencontre entre « deux ignorances » lors du dialogue pédagogique prenait tout son sens. En effet, seuls les renseignements d’Eva pouvaient lui permettre de se comprendre pour ensuite me les transmettre afin que je les comprenne. Je n’étais donc pas détentrice de la connaissance qu’Eva allait me soumettre, je ne savais pas avant la dialoguée. Je la découvrais en même temps qu’elle et lors de cette rencontre, je confrontais aussi mes propres connaissances aux siennes et en ajoutais d’autres aux miennes. En mettant en commun cette intelligence, en sondant celle d’Eva, celle-ci avec générosité me transmettait de « l’infiniment plus » : je n’avais pas à tout comprendre avant elle pour qu’elle se comprenne.
A travers ce dialogue, il y a une épreuve d’altérité de trouble, de joie, de rapprochement de différences. Alors est-ce que la vraie rencontre ne serait pas l’aventure par laquelle le dialogueur sort de lui-même pour en revenir grandi ? 
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    Learning how to learn practitioner, facilitator, speaker; Orthopédagogue apprendre à apprendre, facilitatrice, speaker

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